Le Baltic Dry Index (BDI, quote Reuters BDIY, twitter $BDIY ou #BalticDry) mesure le traffic du fret mondial. On lui a prêté des qualités d’indicateur avancé de l ‘économie mondiale.


Il a remplacé le Baltic Freight Index, sa première publication date du 4 janvier 1985, au niveau de 1000 points. Il vaut aujourd’hui environ 700 points.
Son maximum a été atteint à 11 793 le  20 mai 2008, à l’époque de l’envolée des matières premières et de la construction des super mega tankers. Il a ensuite plongé violemment jusqu’à 666 points le 4 décembre 2009, le traffic mondial s’effondrant avec la crise.
Pour 2012, il a commencé l’année à 1600 environ, donc aujourd’hui le 21 aout à 700 il a perdu plus de 50%.

Baltic Dry Index chart 1Y

Comme il mesure le coût du transport maritime des biens secs (céréales, charbon, minerais), il est lié au prix de ces matières, et au véritable usage de ces matériaux, soit au cycle économique mondial. Les observateurs du cycle économiques lui prêtent une réalité d’autant plus tangible, puisque par rapport aux marchés de matières premières qui peuvent être envahis par les méchants traders virtuels manipulateurs de prix, les cargos de transport ne peuvent pas vraiment être commandés par les hedge funds pour livraison à Springfield, Massachusetts. Chaque soubresaut est donc analysé pour y distinguer un sursaut de l’économie mondiale. Néanmoins la polémique est née depuis 2010 sur une éventuelle déconnection de cet indice du cycle.

Le premier argument pour discréditer le BDI, c’est l’effet sur-capacité de l’offre. Julian Jessop, économiste international chez Capital Economics à Londres, explique qu’en 2008, au pic du boom des matières premières, l’industrie a connu un afflux de commandes de bateaux cargo. Le délai de construction de deux à trois ans a provoqué une forte augmentation de l’offre de bateaux à partir de 2010,  alors que la demande de transport de matières premières s’est reprise à partir de 2009, mais dans de moindres proportions. Le taux d’utilisation des cargos est mécaniquement sur une tendance baissière depuis, entrainant les prix du fret. D’après Jessop, il semblerait que le carnet d’ordres des livraisons pour 2012 confirme cet effet. Le Baltic Dry a perdu de sa pertinence au moins pour prévoir les mouvements de prix sur les matières premières : elles ne se renchériront pas par défaut de moyen de transport.

Le second argument contre lui est sa volatilité. C’est un indice très volatile, les swings de 50% en 3 mois ne sont pas rares: en 2012, on a déja vu 1600 (en janvier), 647 (plus bas en février), 1150 (début juillet), et 700 maintenant. Comment lui faire confiance? D’ailleurs ses vagues baissières des années 2010 et 2011 n’ont pas été suivies de réelles récessions en double dip dans l’économie mondiale, fort heureusement.

Il reste au BDI certaines qualités: il est en rapport avec l’amont du cycle (matières premières), il est disponible tous les jours (alors que les PMI ou la production indutrielle sont mensuels), et peut être que sa tendance de fond est le reflet de la civilisation développée : l’engorgement de l’offre…

Articles en relation:

Baltic Dry Index Still Far From ‘Meaningful Recovery’ – Wall Street Journal – MarketBeat par Steven Russolillo 19 juillet 2012

World shipping crisis threatens German dominance – The Telegraph – par Ambrose Evans-Pritchard 13 aout 2012